Les violences conjugales revêtent des formes multiples qui permettent à l’agresseur d’adapter ses stratégies de contrôleLes formes de violence qu’il utilisera peuvent se cumuler, s’imbriquer selon l’environnement et les réactions de sa partenaire. Ces violences sont sanctionnables par la loi et peuvent faire l’objet d’un certificat médical descriptif avec définition d’une Incapacité Temporaire de Travail. Ce document est essentiel dans le parcours judiciaire de la victime.
www.vos-droits.justice.gouv.fr
www.institutdevictimologie.fr
Les différentes formes de violences conjugales se conjuguent souvent pour une même femme. Une même victime, peut être exposée à d’autres violences au travail ou sur la voie publique. C’est la notion de survictimisation.
Les violences peuvent être présentes aux différents âges de la vie d’une fille et d’une femme. C’est ce qu’on nomme le continuum des violences et qui invite à lutter contre les violences faites aux filles et aux femmes dans toutes les sphères de la vie, sous toutes leurs formes et à tous les âges.
Les violences psychologiques
Sont des violences insidieuses, permanentes qui causent des dégâts émotionnels importants, diminuent l’estime de soi et peuvent plonger la victime en état dépressif voire suicidaire. Il s’agit de violences asymétriques où l’agresseur estime que son comportement est justifié par l’incompétence ou le comportement (réel ou supposé) de sa compagne. La jalousie, le contrôle des déplacements en font partie. Ces méthodes entraînent un transfert de responsabilité sur la victime qui finit par se croire responsable du déclenchement des violences. L’isolement progressif de la victime augmente sa fragilité face aux violences psychologiques.
« La violence psychologique peut aussi exister séparément ou n’être qu’un préalable à la violence physique. C’est une violence faite d’attitudes ou de propos humiliants, dénigrants, méprisants, de menaces ou de chantage. Cette violence insidieuse se poursuit sur une période souvent très longue. Par un phénomène d’emprise, la victime subit les pires avanies pendant des années, cherchant parfois même des excuses à son partenaire.»
Professeur M. Debout Chef du service de Médecine Légale du CHU de Saint Etienne – Réalités n° 90 – Publication de l’UNAF – juin 2010.
Il s’agit d’une stratégie globale d’emprise, d’isolement et de déstabilisation de la victime (rupture avec le réseau amical, familial, professionnel de la victime). Le conjoint s’est littéralement approprié sa conjointe qui doit se conformer à ses exigences tout en sachant qu’elle aura toujours tort quoi qu’elle fasse. Chaque crise est l’occasion de vérifier la possession et la soumission à l’autre. C’est une véritable entreprise de destruction de l’autre qui est à l’œuvre. Les violences psychologiques sont présentes dans toutes les situations de violence conjugale et « préparent » en quelque sorte la victime à « accepter » les autres formes de violence.
« J’ai longtemps cru que la violence conjugale ne me concernait pas, parce que mon mari ne me battait pas, mais, en fait, j’étais si soumise qu’il n’avait pas besoin de me frapper pour que je fasse ses quatre volontés. La violence physique n’est apparue que quand j’ai commencé à résister ».
(Marie-France Hirigoyen, Docteure en médecine, spécialisée en psychiatrie – extrait de l’ouvrage « Femmes sous emprise, Les ressorts de la violence dans le couple »- édition Oh ! – 2005.
Les violences verbales
Sont utilisées par l’agresseur pour contrôler, déstabiliser, humilier et détruire sa conjointe. Les mots expriment des reproches, critiques, humiliations, menaces envers la femme et/ou les enfants… Quel que soit le ton utilisé, l’agresseur cherche à effrayer, mettre mal à l’aise sa victime : cris, ton brusque, silences, insultes, interruption de l’autre quand elle s’exprime, reproches à l’autre de parler.
« Quand il m’injurie, c’est comme s’il me rouait de coups. Ça me laisse sonnée, malade physiquement, K.-O ».
Marie-France Hirigoyen, Docteure en médecine, spécialisée en psychiatrie – extrait de l’ouvrage « Femmes sous emprise, Les ressorts de la violence dans le couple »- édition Oh ! – 2005.
« Les paroles ça reste, le plus dur à encaisser ce sont les paroles, je les ai dans la tête les paroles. »
MIPROF – extrait du court métrage de formation Anna – 2013.
Les violences physiques
Sont les plus repérables car elles peuvent laisser des traces visibles. Elles correspondent à toute action qui met en danger l’intégrité physique ou la santé corporelle de la victime.
« Les violences physiques ne sont jamais isolées. Elles sont accompagnées d’injures, de menaces, de pression, de négation de la victime en tant que personne respectable et précèdent le plus souvent des rapports sexuels forcés.»
Professeur M. Debout Chef du service de Médecine Légale du CHU de Saint Etienne – Réalités n° 90 – Publication de l’UNAF – juin 2010.
« La violence physique inclut une large gamme de sévices qui peuvent aller d’une simple bousculade à l’homicide : pincements, gifles, coups de poing, coups de pied, tentatives de strangulation, morsures, brûlures, bras tordus, agression avec une arme blanche ou une arme à feu. … La séquestration n’est pas à exclure. … Beaucoup de coups visent le ventre lorsque la femme est enceinte.»
Marie-France Hirigoyen, Docteure en médecine, spécialisée en psychiatrie – extrait de l’ouvrage « Femmes sous emprise, Les ressorts de la violence dans le couple »- édition Oh ! – 2005.
« J’ai vécu avec un homme qui a levé la main sur moi et sur mon fils. Au début, j’étais très jeune et très amoureuse, j’ai même abandonné mes études tellement j’étais amoureuse. La violence est venue progressivement, toujours pour des conneries … Je recevais une claque ou des coups de poing dans le ventre, ou alors il m’allongeait et il m’étranglait en m’obligeant à demander pardon. ».
Catherine Cabrol – extrait de l’ouvrage « Blessures de femmes » – édition Atlantica – 2009
Les violences sexuelles
Ce sont des violences physiques et psychologiques peu exprimées car elles restent taboues.
« C’est la forme de violence dont les femmes ont le plus de mal à parler et pourtant elle est très souvent présente. La violence sexuelle comprend un spectre très large allant du harcèlement sexuel à l’exploitation sexuelle, en passant par le viol conjugal. Ce peut être obliger quelqu’un à des activités sexuelles dangereuses ou dégradantes, à des mises en scène déplaisantes, mais le plus souvent il s’agit simplement d’obliger une personne à une relation sexuelle non désirée, soit par la suggestion (tu es bien pudibonde !), soit par la menace».
Marie-France Hirigoyen, Docteure en médecine, spécialisée en psychiatrie – extrait de l’ouvrage « Femmes sous emprise, Les ressorts de la violence dans le couple »- édition Oh ! – 2005.
Ces violences, dont le viol conjugal, sont sanctionnées par la loi. La difficulté réside dans la prise de conscience des victimes de subir des relations sexuelles imposées et de le prouver.
« Pendant vingt ans, j’ai subi un homme violent, pervers, destructeur. Aux violences verbales et physiques s’ajoutaient les rapports sexuels « consentis » à coups de poing. Un travail de destruction porté à son paroxysme. J’en ai parlé, n’ai rien caché, pour revivre, la tête haute ».
Extrait de l’ouvrage de Clémentine Autain « Elles se manifestent, Viol 100 femmes témoignent » édition DonQuichotte – 2013.
Les violences économiques et patrimoniales
Sont fréquentes. L’objectif est de réduire l’autonomie de la victime et ainsi de limiter ses possibilités d’échapper à la relation conjugale en la maintenant dans une dépendance financière : privation ou contrôle des ressources financières et matérielles, engagement de crédits à l’insu de la victime, contrôle des activités professionnelles : interdiction de travailler ou l’empêchement à travailler, privations matérielles, contrôle précis des dépenses, contrarier un retour vers l’emploi (exemple après un congé parental).
Les violences administratives
Sont la confiscation de documents (carte nationale d’identité, permis de conduire, livret de famille, carte vitale…). Elles concernent notamment les femmes étrangères conjointes de ressortissants français et les femmes étrangères bénéficiant d’un regroupement familial. On parle de double violence : les violences conjugales et les pressions ou le chantage exercés par le conjoint autour de l’obtention ou le renouvellement du titre de séjour (cf article L313-12 du CESEDA relatif au droit des étrangers). La rupture de la vie commune peut avoir une incidence sur le droit de séjourner sur le sol français. Il arrive, également, à l’occasion d’un séjour à l’étranger, que le conjoint confisque le passeport de sa femme pour l’empêcher de revenir sur le sol français.
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Les violences sur les enfants
Elles sont les moyens pour l’auteur d’imposer son pouvoir sur la victime, l’enfant peut devenir un enjeu dans la relation, et cela avant même sa naissance.
« Les violences conjugales ont des effets traumatiques sur l’enfant dès la période de grossesse : les violences infligées à la mère peuvent provoquer des hémorragies, des fractures ou une hypotrophie fœtale et jusqu’à la mort de l’enfant.»
Edouard Durand – ouvrage Violences conjugales et parentalité, Protéger la mère c’est protéger l’enfant » – L’Harmattan 2013.
A cause de la relation d’emprise, la mère se trouve alors dans une position qui affecte son autorité, l’auteur en la discréditant en tant que mère, peut compromettre le lien mère-enfant. La femme s’adapte en permanence au comportement violent de son conjoint pour protéger ses enfants. Elle peut, par exemple, renoncer à un départ par crainte de représailles sur ses enfants.
Les violences sur objet et sur animaux, notamment
Elles sont pour l’auteur le moyen de faire souffrir la victime : destruction de photos, d’objets connotés d’une valeur affective, torturer voire tuer un animal…
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