Les violences conjugales s’inscrivent dans des rapports sociaux de genre basées sur la domination des hommes sur les femmes.
Leur toute puissance dans leurs comportements leur paraît tout à fait normale. Le combat pour le droit des femmes a fait évoluer la prise en compte des violences conjugales relevant dorénavant des crimes et délits. La loi interdit l’usage de la violence. Les auteurs de violence sont des personnes délinquantes passibles d’une condamnation judiciaire.
Selon le groupe de travail mené par le Docteur Roland Coutanceau, celui-ci repère 3 profils :
- Le premier profil est un sujet immature, dans la normalité, où la domination masculine est présente.
- Le second profil concerne une grande part des auteurs de violence. Ce sont des sujets ego centrés présentant de multiples problématiques (difficultés à exprimer leurs émotions, difficulté d’autocritique ….).
- Le troisième profil s’adresse aux auteurs présentant une dimension paranoïaque et mégalomaniaque. Ces personnalités sont aux prises avec des difficultés majeures pour vivre leur vie de façon autonome, tant la pression est présente dans le relationnel du quotidien. Dans ces cas de figure, la violence s’inscrit dans une conflictualité quotidienne.
« De façon générale, en dehors même des traumatismes, la personnalité d’un individu est influencée par son éducation et son environnement social. C’est ainsi qu’actuellement, dans notre société occidentale,nous rencontrons peu de pathologies névrotiques et beaucoup plus de pathologies narcissiques … cela n’est pas sans influence sur les modalités des violences conjugales telles qu’elles se présentent actuellement.»
« Tous les hommes violents ont une tendance à minimiser leurs gestes, à se trouver des causes externes, notamment en tenant leur conjointe pour responsable … Or, contrairement à ce que l’homme prétend, ce n’est pas un comportement précis de sa compagne qui provoque son déchaînement, mais il se sert de ce prétexte pour justifier sa colère, ses insultes, ses gestes agressifs. Tous les récits des victimes décrivent des hommes qui deviennent irritables sans raison apparente … Les causes extérieures qu’ils invoquent sont très stéréotypées. ».
« Ce peut être le stress (il est énervé en raison de soucis d’argent, au travail etc), une provocation de leur femme (elle a mis une jupe trop courte, est rentrée en retard, etc. …), et dans ce cas l’agression s’apparente à une correction … Une autre excuse enfin, fréquemment mise en avant par les hommes, mais également par les intervenants extérieurs, est l’alcool … Or, ce n’est pas l’alcool qui provoque directement la violence, il permet seulement de libérer la tension interne jusque-là contenue, en créant un sentiment de toute puissance. L’alcoolisation ne doit pas être synonyme de déresponsabilisation. Il faut d’ailleurs préciser que tous les alcooliques ne sont pas violents et que des alcooliques sevrés peuvent le rester…».
De même, « Tous les hommes violents n’ont pas subi de traumatisme dans l’enfance ». Lorsque c’est le cas, il est important de reconnaître chez eux les séquelles et les marques qu’a pu laisser une enfance douloureuse, mais cela ne les tranforme pas ipso facto en malades ou en monstres et ne les dégagent en rien de la responsabilité de leurs actes.»
Marie-France Hirigoyen, Docteure en médecine, spécialisée en psychiatrie – extrait de l’ouvrage « Femmes sous emprise, Les ressorts de la violence dans le couple »- édition Oh ! – 2005.
« J’ai été vite frappé par les ressemblances entre nos galères de maris violents. Le monstre a presque toujours les mêmes traits.« C’est de sa faute », disait en substance chaque nouvel arrivant. Nous avions tous ce même réflexe de déculpabilisation.(…) « elle me provoque », « elle aime ça », « elle le cherche bien », « elle me pousse à bout pour que je craque ». (…) Chacun le formulait à sa manière mais le résultat était toujours le même ». « Pire, nous nous sentions tous « utiles » à l’épouse ou la compagne que nous aimions et que nous battions ».
La puissance est apprise : « le parcours des garçons est différent de celui des filles. Dès la naissance, il est plus valorisant d’être de sexe masculin ; d’ailleurs, dans certains pays, on se débarrasse encore des petites filles à la naissance. Pour beaucoup, la masculinité, c’est la capacité de s’imposer de défendre ses droits, d’être brave et fort. Cela se passe sur le terrain du pouvoir de la domination, de la possession et du contrôle. La société prépare les garçons à occuper un rôle dominant … Ces hommes que les stéréotypes culturels continuent à décrire comme forts, puissants, solides, ne se sentent pas à la hauteur face à une société qui leur demande toujours plus. ».
Frédéric Matwies – extraits de l’ouvrage « Il y avait un monstre en moi – témoignage d’un ex-mari violent » – édition Michalon – 2011.
« J’ai longtemps pensé que j’étais le plus malheureux des deux » « On n’est pas un mari violent à plein temps. Je crois que c’est le plus délicat à comprendre quand on n’a jamais été confronté de près à cette calamité. Dans la rue, au supermarché, au jardin public… Qui aurait pu se douter ? Personne. (….) Si vous croisez une femme avec un bras en écharpe ou un pansement sur le front, pensez-vous immédiatement qu’elle est battue ? ».
Frédéric Matwies – extraits de l’ouvrage « Il y avait un monstre en moi – témoignage d’un ex-mari violent » – édition Michalon – 2011.
Comment prévenir la récidive ?
Par des réponses judiciaires
Pour sortir d’une situation de violence conjugale, il est important pour la victime et pour l’auteur d’obtenir une réponse judiciaire. Le dépôt de plainte est le premier acte pour dénoncer les violences. La victime peut déposer plainte en dehors de son lieu d’habitation. Il est possible de déposer plainte sans certificat médical même si ce document constitue un élément de preuve important.
Modèle de certificat médical : www.stop-violences-femmes.gouv.fr
Le retrait ultérieur d’une plainte (sous pression ou non) n’entraîne pas nécessairement l’arrêt des poursuites pénales, qui sont de la responsabilité du Procureur de la république.
La non réponse judiciaire (classement sans suite notamment…) génère, sur la victime, un sentiment d’incompréhension et d’impuissance et renforce le sentiment de toute puissance chez l’auteur.
Par l’accompagnement spécialisé pour les auteurs
L’outil essentiel pour la prise en charges des auteurs de violences est la technique de groupe : groupe de paroles, stage de citoyenneté (lien fiche prise en charge auteurs).
Par l’éducation
A l’égalité entre les femmes et les hommes reste la meilleure parade aux comportements violents !
VOIR FICHE RESSOURCE THÉMATIQUE DÉMARCHES JUDICIAIRES ET INFORMATIONS JURIDIQUES